Tout est dans le décor et le choix d’une ressource pertinente

Plusieurs difficultés apparaissent pour l’enseignant quand il prépare une activité d’apprentissage :

Tout d’abord le décor dans lequel il va ancrer cette situation, c’est à dire le « faire-semblant », le « Il était une fois … » dans lequel l’élève va se projeter. C’est un  moyen pour donner du sens aux apprentissages quand le contenu n’intéresse pas ou peu directement les élèves. On ne peut pas toujours en effet trouver des sujets qui les interpellent personnellement, comme l’autobiograhie, les voyages, les histoires qui leur parlent de jeunes comme eux… Une autre approche consiste à les provoquer afin de déconstruire leurs conceptions initiales et leurs a priori sur certains sujets qu’ils pensent maîtriser.

Provoquer, intéresser, accrocher l’attention, perturber, intriguer: toutes ces postures sont favorables à une participation active de l’èlève dans la construction de ses acquis.

Il ne faut pas non plus que la façon de poser le problème amène une difficulté nouvelle inhérente à la formulation même du problème, et que l’enseignant prenne le risque que l’élève choisisse des « outils » qui ne conviennent pas, mal orienté par l’écriture même de l’énoncé.

Il est en effet de notre responsabilité d’enseignant de ne pas induire involontairement l’élève dans l’erreur, par le choix d’un questionnement qui fermera et cloisonnera l’apprentissage au lieu de l’ouvrir vers d’autres perspectives.

La seconde difficulté réside dans le fait que tous les élèves ne font pas la relation entre le problème qu’on leur donne à résoudre, intégré à un processus scolaire et artificiel d’apprentissage, et la réalité de leur quotidien dans lequel des processus similaires de raisonnement sont régulièrement à mobiliser.

Exemple de problème posé à Pauline en classe de 6ème.

Le petit Louis va à la boulangerie, achète une baguette à 1€20, et donne une pièce de 2€ au boulanger.

Combien Louis va-t-il recevoir de monnaie ?

Il suffit de demander au boulanger, répond Pauline.

La situation ne pose pas de problème pour Pauline car habituellement,  c’est le boulanger qui fait la soustraction.

L’élève ne va pas mobiliser ses compétences de calcul mathématique, puisqu’il ne se projette pas dans la petite histoire virtuelle.

Pour un élève de collège, il est très difficile de mobiliser et de choisir parmi les ressources internes ou externes dont il dispose celles qui lui permettront de se confronter à une tâche complexe nouvelle. Faire un choix pertinent parmi un ensemble de ressources est une des difficultés majeures au collège.

C’est pour cela qu’il faut entraîner l’élève à réinvestir les compétences élémentaires et procédures automatisées (ou micro-compétences) qu’il a acquises, dans d’autres situations-problèmes ou projets, pour lui permettre de progresser.

De plus, les procédures indispensables, dès lors qu’elles deviennent un automatisme, offrent plus de « place mémoire » aux élèves, ce qui laisse de la disponibilité pour choisir à bon escient les outils dont on a besoin. L’élève est moins submergé dans les tâches à accomplir

Pour certaines élèves, il est d’autant plus difficile d’intégrer les pratiques d’apprentissages dispensées au collège qu’ils n’ont pas l’habitude d’être confrontés à ce genre d’exercices, à cause d’un manque de stimulations variées dans leur vie quotidienne, alors que d’autres développent à l’extérieur des compétences identiques à celles enseignées en classe, ou ont l’habitude de les mobiliser dans des contextes différents.

Ces élèves-là ont donc besoin, plus que les autres, d’être accompagnés, guidés et confrontés à d’autres situations dans des projets scolaires et extra scolaires organisés au sein du collège.

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